Musique d’ascenseur encensée

2086, salle de concert, quelque part en France. Le programme est alléchant, une interprétation du vieux répertoire d’un artiste ancien du nom de Richard Clayderman. Les musiciens s’avancent sur la scène, sérieux et dignes. L’assemblée applaudit délicatement pour ne pas troubler leur concentration.

Les interprètes s’assoient et prennent un air pénétré pour s’imprégner de l’essence même de l’oeuvre qu’ils vont jouer. Dans la salle, personne ne moufte. Religieusement, on attend le début du récital.

La musique commence, et chaque auditeur est empli d’une émotion certaine, tout en restant convenablement assis et pensif afin d’apprécier au mieux la virtuosité de l’exécution.

Le premier morceau s’achève [enfin, dans le souffle des eaux] et quelqu’un en profite pour toussoter. A droite, un fou fait mine d’applaudir, aussitôt refroidi par les regards noirs de ses voisins.

A la fin du récital, le public applaudit, (ni trop ni trop peu) et sort de la salle en bavardant allègrement sur la virtuosité technique, la parfaite exécution des oeuvres, la fidélité recherchée à l’artiste originale, et la soirée se finit.

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